RIEN A PERDRE !
Voilà ce que j'ai écrit dans ma fievreuse insomnie de dimanche dernier. A croire que je délire quand ma température monte de quelques degrés. M'enfin je vous laisse juger par vous-même. Je vous dis juste ce que c'est, sinon vous allez rien comprendre : une lettre de motivation pour travailler dans une ReStAuRaNt cet été!! et qui plus est dans la cuisine de celui-ci!!! Bon d'accord avec une lettre de motivation comme ça, j'aurais jamais l'occasion d'y travailler, mais faut dire que mon CV ne m'aidait pas beaucoup non plus alors... rien à perdre!!
je laisse donc votre oeil sévère se pencher sur la question. dites moi toutes vos impressions FRANCHEMENT
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Madame, Monsieur, Peut-être tenez-vous entre vos mains mon CV, que vous avez rapidement parcouru. Peut-être vous demandez-vous la raison de sa présence entre vos mains, rien ne spécifiant une quelconque expérience ou compétence dans le domaine culinaire. Peut-être n'avez-vous même pas lu la dernière ligne de mon CV, qui, paradoxalement, est la plus importante : "Centres d'intérêts: (...) -Cuisiner." Je vais donc développer cette dernière ligne. Tout commença il ya maintenant presque vingt ans. Je naquis le 10 décembre 1988 (40e anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme). Et depuis ce jour, j'engloutis (un des droits fondamentaux, paraît-il). Car il faut bien l'avouer, celle que l'on nomme à juste titre l'Estomac sur pattes AIME manger. Dix-huit ans s'écoulèrent paisiblement au sein du foyer familial; après chaque repas, l'Estomac (laissons temporairement les pattes pour nous concentrer sur cet organe vital) était repus. Il faut dire que sa génitrice cuisine bien. C'est à l'aube de sa dix-huitième année que le drame survint : le début de la vie étudiante. Finis les bons petits plats préparés avec amour, il faudrait désormais s'accoutumer du "Beurk" (le grand restaurant étudiant local) que notre Estomac fréquente depuis voilà deux ans. Son amour de la nourriture se trouvant en péril, elle décida de prendre les choses en main, du moins le week-end (le supplice stomacal étant imposé uniquement les jours ouvrables). Depuis les pâtes-crâmées-mais-pas-cuites-quand-même de ses débuts, elle fit d'énormes progrès, puisqu'elle arrive aujourd'hui à manger ses productions. Son entourage, naguère suspicieux, parvient même à les apprécier. Et c'est ainsi qu'elle souffre maintenant d'une deuxième dépendance - la première étant la nourriture - : la cuisine. Les symptômes : des pulsions de pains d'épices entre deux intégrales triples généralisées (l'Estomac reste un Estomac-élève-ingénieur) auxquelles elle ne peut résister. Elle a réussi à mettre des mots sur le mal qui la ronge : elle AIME faire la cuisine. "Cuisiner"; un mot pour résumer un bonheur sans-cesse renouvellé (je n'emploirai pas le mot "passion", les grands mots me font peur). Une page pour résumer une vie. Le cadre rigide de la feuille A4 pour convaincre l'employeur de notre motivation. Car je suis motivée. Ou plus exactement alêchée par l'odeur qui s'échappe des fourneaux au-dessus desquels se penchent de grandes toques blanches. Bien-sûr, je suis consciente du fait que la toque serait bien trop grande pour moi. C'est pour cela que je vous demande s'il ne resterait pas une toute petite place de commis-à-tout-faire pour le mois de juillet. Je vous laisse donc statuer sur mon sort; faites-moi juste savoir si je dois abandonner tout espoir et chercher autre chose. Juillet approche. Merci pour votre patience, merci pour votre réponse, Cordialement, Guénola ETIENNE (alias l' Estomac)
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